Des cours de chimie exclusifs et complets sur www.chimie-sup.com et sur www.rmn.sup.fr

Histoire et étymologie du nom des éléments chimiques.

 

 

 

Introduction :

 

La science étymologique, qui s’est largement développée au 20èmesiècles, permet de comprendre la formation des noms et en étudiant celle des éléments chimiques du tableau de Mendeleiev, on découvre l’histoire de ce tableau et les caractéristiques de chaque éléments.

En effet l’origine du nom d’un atome nous donne parfois des informations sur les propriétés de cette atome, au travers de sa couleur par exemple ou de sa réactivité.

Après un  rappel historique du tableau périodique, j’ expliquerais la formation des éléments les plus connus.

 

 

 

Historique :

 

Le tableau a été publié pour la première fois en 1869 par Dimitri Ivanovitch Mendeleiev (1834-1907) et regroupe les 63 éléments chimiques connus à l’époque. Le savant a découvert qu’en les rangeant selon leur masse atomique croissante, des similitudes existaient concernant leurs propriétés.

Dans ce premier tableau, les éléments sont classés verticalement (horizontalement aujourd’hui) et dans chaque rangée, on retrouve des ressemblances dans les propriétés physiques et chimiques. Il était persuadé que l’on finirait par découvrir les éléments manquants, mais n’avait prévu aucune place pour les gaz rares, éléments de grandes stabilités, découverts  par le chimiste écossais William Ramsay en 1895. On a donc insérer une colonne entre les halogènes et les alcalins, place qui convient à leur masse atomique.

 

 

 

Etymologie :

 

Hydrogène :  c’est le 2 mai 1787, q’un chimiste français Guyton de Morveau (fondateur et enseignant de l’Ecole Polytechnique) emploie pour la première fois le terme d’ hydrogène. Tiré du grec gen-, qui engendre et de udôr, l’eau. Vient du fait que l’on prépare ce gaz à partir de l’eau.

 

Les gaz rares : Après l’hydrogène, l’Hélium est le second élément en abondance dans l’univers. Découvert par Jules Janssen, l’Hélium, du grec hélios, soleil, a d’abord été caractérisé par l’analyse spectrale dans l’atmosphère du soleil, puis fut retiré de certains minéraux par le chimiste anglais William Ramsay. Ce chimiste a d’abord découvert l’Argon en 1894, confondu jusque-là avec l’azote de l’air atmosphérique où il n’est qu’en petite quantité. Gaz incolore et inodore, l’argon est très inerte, c’est à dire que comme les autres gaz rares, sa couche périphérique contient le maximum d’éléctrons , il est donc très peu réactifs. D’ou son nom, emprunté au grec argos, inactif, paresseux. Il trouva ensuite dans l’air les autres gaz rares, le Néon (du grec néos, nouveau) le Xénon (du grec xénos, étranger), et le Krypton en 1898(du grec kruptos, caché, en lien avec la difficulté à repérer et isoler cet élément rare). Le Radon  a été découvert en 1900 par le chimiste Allemand Friedrich Dorn et vient du latin radius, rayon, par référence au rayonnement et à la radioactivité qu’émet cet élément.

 

Certains éléments sont en rapport avec les minerais dont ils sont issus .

 

Aluminium : du latin alumen, signifiant amer. Provient du goût amer de la pierre d’Alun.

Arsenic : du grec arsenikon, qui dompte le mâle, en raison de sa forte toxicité; du latin arsenicum, pigment jaune; origine du minerai orpiment (As2S3), utilisé comme pigment jaune citron.

Bore : de l'arabe buraq, brillant; nom anglais boron origine de borax et carbon qui indique aussi bien sa provenance (minerai de borax cristaux brillants) que sa ressemblance avec le carbone.

Cadmium : du grec kadmeia et du latin cadmia, calamine, ancien nom donné au carbonate de zinc (le cadmiun était extrait de ce minerai aux environs de la ville de Thèbes créée par Kadmos); du grec cadmios, minerai de zinc dans lequel le cadmium a été découvert.

Carbone : du latin carbo, charbon, en lien avec sa provenance.

Cobalt : de l'allemand kobold (lutin), d'où provient le nom de Kobolden, démons des montagnes et des mines dans les légendes germaniques; la production de ce métal étant impossible à réaliser à partir du procédé de production usuel, on croyait que cette impossibilité provenait des mauvais esprits qui sabotaient le travail des mineures en corrompant le bon minerai.

Cuivre : du latin Cupreum et du grec Kupros, dérivant de Chypre, île où l'on a trouvé les premières traces du minerai de cuivre il y a 6000 ans. L’île doit son nom aux nombreux cyprès qui y sont présents.

Lithium :du grec lithos, pierre, par référence à son origine minérale.

Magnésium : emprunté au latin médiéval magnésia, , pierre de magnésie, province d’Asie mineur.

Manganèse : du grec magnès, pierre d’aimant en lien avec les propriétés magnétiques de la pyrolysite, minerai utilisé par les pharaons pour fabriquer le verre.

Nickel : d’après l’allemand kupferNickel, faux cuivre, Nickel étant un génie des mines dans la croyance populaire. En rapport avec la difficulté d’extraire le cuivre du minerai de cuivre, on croyait que ce minerai avait été empoisonné par les démons. En réalité, c’était du Nickel.

Silicium : du latin Silex, roche siliceuse très dure essentiellement formé de SiO2 (dioxyde de silicium).

Tungstène : Dénommé ainsi en 1784 par Guyton de Morveau et isolé en 1783 par les frères d’Elhuyar, emprunté au suédois tungsten, proprement « pierre lourde », en lien avec la grande densité du minerai scheelite dans lequel on a trouvé le tungstène.

 

 

 

 

D’autres noms d’éléments évoquent une personne réelle ou mythique et les dieux ou déesses grecques et romaines ont beaucoup inspirés les chimistes.

 

Titane : Le corps  chimique a été découvert par William Grégor en 1791 dans des terres argileuses. Le nom vient du grec titanos et est en rapport avec les dieux géants de la mythologie gréco-latine, fils de la terre  (Gaïa) et du ciel (Uranus). En lien avec la résistance de ce métal.

Palladium : Ce métal a été découvert en 1803, deux ans après une nouvelle planète que l’on avait dénommée Pallas.  La statue de Pallas à Troie était considérée comme assurant la sauvegarde de la ville. Pallas Athena représentait la déesse grecque de la sagesse.

Tantale : Dans la mythologie grec, Tantale est le roi légendaire de Lydie, fils du dieu suprême Zeus et père de Niobé.  Il servit son fils aux dieux, qui en châtiment, le précipitèrent dans le Tartare (lieu où les hommes coupables sont châtiés selon leurs crimes). Là, il voyait de la nourriture à profusion, sans jamais parvenir à atteindre quoi que ce soit, comme le Tantale fuit les acides avec lesquels on cherche à le mettre en contact.

Niobium : du grec Niobé, fille du demi-dieu Tantale, l'un des héros de la mythologie grecque; en lien avec la découverte du tantale, qui en fait, comportait deux éléments, le niobium et le tantale aux propriétés chimiques très semblables.

Vanadium : Vanadis est la divinité scandinave de l’amour et de la beauté, dénommé ainsi par un chimiste suédois Sefstroem en 1830.

Thorium : Le thorium est un métal argenté, qui a la particularité de provoquer des étincelles quand on le frappe avec de l’acier,  d’ou son nom en rapport avec le dieu scandinave de la guerre et du tonnerre Thor.

 

Et enfin, certains éléments tirent leurs noms de leurs propriétés chimiques, ou de leurs réactions.

 

Argent : du grec arguros, exprime l’éclat, la blancheur. Ce métal est très anciennement connu, puisqu’on en a trouvé à Our datant du IIIème millénaire. Les alchimistes l’appelaient « métal de la lune » ou « de diane », car c’est le plus blanc de tous les métaux, d’ou son emploi dans les miroirs d’optique.

Azote : formé d’après le grec, a privatif et zoê vie, c’est à dire qui n’entretient pas la respiration, en référence aux êtres vivants qui sont asphyxiés par ce gaz.

Brome : du grec bromos, puanteur, en lien avec l'odeur piquante et irritante de ses vapeurs.

Fer : du latin ira, la colère en relation à la force de ce métal.

Fluor : du latin fluere, écoulement.

Or : du latin aurum, or. Il s’agit du métal le plus anciennement connu et employé depuis le Vème millénaire av.J.-C.

Oxygène : Le mot est tiré par Lavoisier du grec oxus, acide et gennan, engendrer, c’est à dire qui engendre les acides.

Phosphore : emprunté au grec phôs, la lumière et phoros, porter. Découvert en 1669 par Hennig Brand, alchimiste Hambourgeois, qui le retira de l’urine, le Phosphore existe sous plusieurs formes allotropiques (jaune, rouge et violet). Exposé à l’air, il s’enflamme spontanément. Le phosphore blanc en présence d’oxygène éclaire dans le noir, d’ou son nom (phosphorescence).

Platine : Le Platine a l’éclat de l’argent et se trouve en petites quantités. Le nom vient de l’espagnol Platina, diminutif de Plata, argent (petit argent) et a été donné par le découvreur Don Antonio de Ulloa (1716-1795).

Plomb : du latin plumbum, lourd, en lien avec la grande masse volumique de cet élément.

Potassium : Le mot a été créé en 1807 par le chimiste Anglais H.Davy, par latinisation de l’anglais Potasse, lui-même dérivant de l’allemand Potasche, c’est à dire « cendres en pot, en rapport avec le carbonate de potassium qui se retrouve sous forme solide, en cendre, dans le brasier.

Sodium : de l'arabe sod ou souwad, plante contenant beaucoup de carbonate de sodium (soude).

Soufre : de la racine indo-européenne suelf ou swel, signifiant «brûler sous forme de feu qui couve» comme le fait un morceau de soufre; du latin sulphurium, pierre qui brûle.

 

La couleur ou khrôma en grec, est omniprésente en chimie et explique notamment l’origine de l’élément Chrome.

 

Chlore : emprunté au grec khlôros, vert en lien avec la couleur de ce corps.

Etain : son symbole «Sn» provient du latin stannum, fer blanc, nom utilisé pour un mélange d'argent et de plomb qui avait la même apparence que l'étain, soit d'un blanc brillant.

Indium : du latin indicum, bleu, d'après la brillante ligne bleue de son spectre atomique.

Iode : du grec ioeidès, violet, en lien avec la couleur violette des vapeurs d'iode.

Iridium : du latin iridos, arc-en-ciel, par référence aux couleurs variées des sels d'iridium.

 

Conclusion :

 

Parfois c’est l’emprunte de grands chimistes qui explique le nom,  comme pour le Mendélévium, le Nobélium, ou le Polonium en l’honneur de Marie Curie. Le Gallium est ainsi issu du latin gallus, coq, en lien avec celui qui l'a découvert, P.E. Lecoq de Boisbaudran.

L’étymologie en chimie nous en apprend d’avantage dans la connaissance des éléments et de leurs caractéristiques, voire dans la circonstance de leurs découvertes.

                            Auteur : Romain Lemoine

Références Bibliographiques

DUCROCQ, Albert. Les éléments au pouvoir, Paris, Julliard, 1976, 353 p.

EMSLEY, John. Les éléments chimiques, Paris, Polytechnica, 1993, 253 p.

LUFT, Robert. Dictionnaire des corps purs simples de la chimie, Nantes, Cultures et Techniques, 1997, 391 p.

DAUZAT, Albert. Dictionnaire étymologique de la langue française, Larousse, Paris, 1937, 774 p.

GRANDSAIGNES D’HAUTERIVE,R. Dictionnaire des racines des langues européennes, Larousse, Paris, 1948, 363 p.                           

site intéressant :  http://site.ifrance.com/okapi/chimie.htm